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Vendôme : Quand l'hommage aux Justes devient un champ de bataille politique

Vendôme : Quand l'hommage aux Justes devient un champ de bataille politique

L’affaire de la cérémonie des Justes à Vendôme, telle que relatée par Le Point, révèle moins une difficulté à honorer la mémoire qu’une instrumentalisation politique et médiatique d’un événement local. Entre pressions institutionnelles, raccourcis historiques et mépris des réalités municipales, le traitement de cette polémique en dit long sur l’état de notre débat public.

Un récit biaisé : la mairie en procès

L’article du Point présente la décision de la mairie comme une capitulation devant des "peurs communautaires", voire une forme de lâcheté. Pourtant :

Aucune annulation, seulement un report pour des raisons logistiques (élections, période de réserve).

Des craintes sécuritaires légitimes, dans un contexte où des tags "Fuck Israël" sont apparus et où le rabbin d’Orléans a été agressé.

Une tradition locale ignorée : Pourquoi exiger que Vendôme organise cette cérémonie exactement comme Lyon ou Lille, sans tenir compte de ses spécificités ?

→ Le Point transforme une décision administrative en symbole de "recul républicain", sans preuve d’une vraie mauvaise foi.

La pression du Comité Yad Vashem : lobbying ou devoir de mémoire ?

Le CFYV a avancé des arguments émouvants (l’âge d’Arlette Testyler-Reimann, l’urgence morale), mais :

Pourquoi menacer implicitement la mairie plutôt que chercher un compromis ?

Pourquoi invoquer Jacques Chirac (discours du Vel’ d’Hiv’) alors que la question est d’abord organisationnelle ?

Pourquoi ne pas accepter la solution de la sous-préfecture, qui permet à la cérémonie d’avoir lieu sans imposer de contraintes à la mairie ?

→ Le CFYV défend une cause juste, mais sa méthode ressemble à du chantage moral.

L’ingérence de l’État : la démocratie locale bafouée

L’intervention de François Bayrou pour imposer la sous-préfecture comme lieu alternatif pose problème :

Une mairie a le droit de refuser d’organiser un événement, surtout si elle propose une solution alternative (comme le vin d’honneur).

L’État aurait dû jouer les médiateurs, pas les justiciers. En forçant la main, il valide l’idée que les communes doivent obéir aux injonctions parisiennes.

→ La leçon de Vendôme ? "Si une mairie résiste, l’État la contourne." Un précédent dangereux.

Le double langage médiatique

Le Point s’indigne que Vendôme "esquive" son devoir de mémoire, mais :

A-t-il dénoncé les communes qui annulent le 11 Novembre par manque de moyens ?

A-t-il enquêté sur la baisse des subventions aux associations mémorielles ?

Pourquoi ce ton accusateur envers Vendôme, alors que des dizaines de cérémonies similaires se déroulent sans problème chaque année ?

→ La mémoire des Justes ne devrait pas servir de prétexte à des guerres médiatiques.

Ce que le maire aurait dû répondre

Plutôt que de se justifier, Laurent Brillard aurait pu dire :

"Nous honorerons les Philippeau à notre manière, sans que Paris ou des lobbies nous dictent la marche à suivre. La mémoire ne se décrète pas sous pression."

La France des Justes vs. la France des donneurs de leçons

Arlette Testyler-Reimann a raison de rappeler que les Philippeau incarnaient "la France de Voltaire", une France du courage et de l’humanité. Mais cette France-là, justement, respectait aussi la liberté des communes.

Aujourd’hui, on préfère brandir la mémoire comme un étendard politique plutôt que de laisser les territoires l’incarner librement. Vendôme n’a pas cédé à la peur – elle a été victime d’un lynchage en règle.

Espérons qu’à l’avenir, les hommages aux Justes se feront dans l’apaisement, pas sous la menace médiatique. Parce que la mémoire mérite mieux qu’une guerre de communiqués.

À méditer :

"Les Philippeau ont sauvé des vies sans calcul politique. Leur héritage serait-il trahi par ceux qui instrumentalisent leur mémoire ?"