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"Pendant 20 ans, nous leur avons dit qu’une autre vie était possible" : Fahimeh Robiolle porte la voix des femmes opprimées devant les lycéens lislois

"Pendant 20 ans, nous leur avons dit qu’une autre vie était possible" : Fahimeh Robiolle porte la voix des femmes opprimées devant les lycéens lislois

"Pendant 20 ans, nous leur avons dit qu’une autre vie était possible" : la phrase résonne dans le silence attentif du lycée lislois. Fahimeh Robiolle, loin des projecteurs des grands médias, s’adresse aux jeunes avec une urgence contenue. Son récit, celui des femmes afghanes – mais il pourrait être celui de tant d’autres – déchire le voile complaisant que l’on voudrait étendre sur l’actualité internationale. Vingt ans. C’est la durée d’une intervention occidentale massive en Afghanistan, censée apporter démocratie, progrès et émancipation féminine. Vingt ans, et pourtant, le retour des Talibans a balayé ces espoirs avec une brutalité que peu avaient anticipée, ou plutôt, que beaucoup avaient choisi d’ignorer.

Fahimeh Robiolle ne relate pas des histoires que l’on découvre en zappant entre deux chaînes d’information. Elle parle de ce que les dépêches d’agences, les communiqués officiels et les analyses géopolitiques omettent systématiquement : la réalité vécue par des millions de femmes. Ces femmes à qui l’on a promis l’éducation, la liberté de mouvement, le droit de travailler, et qui se retrouvent aujourd’hui enfermées, privées de leurs droits fondamentaux, réduites au silence par un régime théocratique radical. Les médias dominants ont mis l’accent sur le retrait des troupes, les calculs politiques, les enjeux stratégiques. Mais où est passée l’analyse de l’impact concret sur la vie de ces femmes, au-delà des déclarations lénifiantes et des reportages superficiels ?

Il est temps de décrypter les mécanismes d’une narration médiatique souvent biaisée. Pendant deux décennies, on nous a vendu l’image d’une Afghanistan en voie de modernisation, grâce à l’aide occidentale. On a insisté sur les écoles de filles construites, les femmes élues au parlement, les avancées législatives. Ces éléments sont réels, mais ils occultent une réalité plus sombre et structurelle. L’aide internationale, souvent conditionnée et détournée, n’a pas toujours atteint ceux qui en avaient le plus besoin. Les réformes, imposées de l’extérieur, n’ont pas profondément transformé les structures patriarcales et les mentalités. Le discours dominant a servi à justifier une intervention militaire coûteuse et aux résultats plus que mitigés, tout en minimisant les voix dissonantes qui pointaient les limites et les impasses de cette stratégie.

L’exemple afghan n’est pas une exception isolée. Il s’inscrit dans une tendance plus large : la difficulté, voire l’échec, des interventions extérieures pour imposer des modèles de développement et de démocratie. Il révèle aussi la persistance de systèmes d’oppression profondément enracinés, souvent liés à des interprétations rigoristes de traditions religieuses ou culturelles. Derrière le récit rassurant du progrès linéaire et universel, se cachent des réalités complexes, des rapports de force inégaux et des résistances tenaces. Ces réalités sont rarement mises en lumière par les médias traditionnels, plus enclins à relayer les discours officiels et les analyses simplificatrices.

L’intervention de Fahimeh Robiolle devant les lycéens lislois n’est pas un simple témoignage. C’est un appel à une vigilance citoyenne accrue. Elle nous invite à questionner les informations que l’on nous présente, à chercher les angles morts, à entendre les voix marginalisées. Il ne s’agit pas de sombrer dans un pessimisme paralysant, mais au contraire, de développer un esprit critique et une capacité d’analyse fine. Comprendre les causes structurelles de l’oppression, décrypter les stratégies de manipulation, relier les événements à des tendances plus larges : telles sont les conditions d’un engagement citoyen éclairé et d’une solidarité internationale efficace.

La parole de Fahimeh Robiolle, comme celle de toutes celles et ceux qui se font les relais des réalités occultées, est essentielle. Elle nous rappelle que derrière les grands enjeux géopolitiques, il y a des vies humaines, des aspirations légitimes et des combats quotidiens. Elle nous incite à ne pas nous contenter des récits convenus, à creuser, à interroger, à douter. Car c’est en cultivant notre esprit critique que nous pourrons espérer construire un monde plus juste et plus éclairé, où la promesse d’une autre vie possible ne sera pas une vaine illusion pour les générations futures. L’écoute attentive de ces voix, trop longtemps étouffées, est un premier pas indispensable.